just a cup of tea (andres)

Après trois jours de travail acharné, j'avais définitivement besoin d'une petite pause, de sortir de cette immense pièce qui me servait de bureau, d'aller me balader. Cette maison sans charme et sans chaleur me sortait par les yeux. Ce qui peut paraitre assez étrange étant donné que j'y vivais assez régulièrement depuis plus de six ans. Oui, mais voilà, aujourd'hui, je m'étais levée du mauvais pied, apparemment et je tournais encore en rond comme un fauve dans sa cage, me demandant bien ce que je pourrais aller faire, où je pourrais me rendre pour m'évader l'esprit lorsque mon téléphone se mit à sonner. Mon premier réflexe fut de grogner de mécontentement avant de me rendre compte que cette sonnerie n'était pas celle de mon mobile professionnelle mais bien celle de mon personnel. Je me ruais presque dessus, non sans me cogner un orteil dans le pied de la table basse et, à peine avais-je finis de lire le message que je venais de recevoir que je bénissais ce charmant Andres et son invitation à boire un café. Il tombait vraiment à pic !
Je m'emparais de mon sac à main, posé sur la commode de l'entrée, enfilais les premiers chaussures qui me tombaient sous le pied et sortis de la maison en trombe, claquant la porte au passage. De l'air, de l'air, de l'air.

J'avais toujours trouvé que Chez Naomi était un endroit plaisant et apaisant mais c'était également l'un des rares "vrais" cafés du coin et il était bien rempli lorsque j'y entrais à mon tour. Certes, ça ne valait probablement pas certains Starbucks de Los Angeles, niveau trafic mais c'était quand même pas mal dans le genre. Je saluai quelques connaissances et cherchais aussitôt Andres du regard. On s'était déjà parlé au téléphone, trois ou quatre semaines auparavant mais cela faisait tellement de temps que je ne l'avais pas revu que je me demandais si j'allais le reconnaitre.
Je me dirigeais vers un tabouret libre afin de grimper dessus et avoir une meilleure vue d'ensemble, me disant que j'aurais mieux fait de prendre les sandales à talons compensés marrons plutôt que ces ballerines qui me donnait l'allure d'une naine - bon, d'accord, j'exagérais peut-être un peu. Me demandant soudain s'il n'avait pas eu un empêchement de dernière minute, je jetai un coup d’œil à mon téléphone. Pas de nouveau message. C'est en relevant la tête que je le vis, tentant d'entrer dans la café alors qu'une troupe de gamines essayait d'en sortir. Je lui fis quelques signes de la main jusqu'à ce qu'il m’aperçoive enfin. Je n'osais pas quitter mon tabouret de peur que quelqu'un vienne nous chiper cette place de choix, non loin du comptoir et tout près de la vitrine.
« Mon Dieu, ça doit être la sortie des écoles ou quelques choses ! J'ai jamais vu autant de monde ! » m'exclamais-je en guise d'introduction en désignant quelques jeunes de 16 ou 17 ans se jetant sur une table tout juste libérée.

Je m'approchais pour lui dire bonjour et ne put m'empêcher de penser qu'il était toujours aussi charmant. Il avait l'air un tout petit fatigué, peut-être, mais en bonne santé. Il fit signe à un serveur. « Moi aussi, je m'ennuyais un peu ! Ça te permet de découvrir un peu la ville. Elle n'est pas aussi grande que L.A. mais elle a ses avantages ! » Je me demandais s'il avait eu une bonne impression au sujet de Oakdale à son arrivée, ou non. Moi, j'étais portée par les sentiments puisque la maison que j'habitais aujourd'hui était celle de mes grand-parents paternels. Je trouvais tout de même que, même un étranger pouvait lui trouver un certain charme. C'était une jolie ville, ensoleillée et plutôt calme ; les gens y étaient assez accueillant, pour la plupart. Bref, quand on avait parlé de vendre la maison de Water Lily Lane, à la mort de mes grand-parents, j'avais aussitôt refusé. Même c'était un peu trop grand pour moi seule, c'était là que je voulais habiter et puis c'est tout.
Je m'installais à la table, en face d'Andres et le serveur vint à notre rencontre. « Une limonade avec beaucoup de glaçons, s'il vous plait ! répondis-je lorsqu'il me demanda ce que je désirais avant de me tourner vers mon ami de longue date. « Ça faisait un petit moment, quand même. Qu'est-ce que tu deviens ? Comment ça se passe, ton job, tes célébrités, tout ça ? »
Même si je ne lui avais jamais dis, j'avais toujours trouvé étrange qu'il soit garde du corps. Je me demandais vraiment qu'est-ce qui lui plaisait dans ça, voire même si c'était réellement un choix. D'un autre côté, il semblait être fait pour ça. Il avait le calme, la prestance et l'assurance qu'il fallait et, si j'avais eu à faire appel à un bodyguard, je me serais tout de suite sentie en sécurité à ses côtés. Mais plus personnellement, je ne pouvais pas m'empêcher de l'imaginer devant mon objectif, pour un shooting...