♈ si je lis entre les lignes... PV DAMIAN

La délicieuse odeur du repas qu’avait préparé ma mère m’appellait. Et pourtant, j’étais toujours là, devant ma commode, en train de fouiller dedans. J’avais la vague impression de ressembler à une femme, qui ne savait tout bonnement pas comment s’habiller et qui essayait des tas de vêtements. Et pourtant, je savais parfaitement ce que je cherchais. Cette vieille chemise, qu’Evyrain m’avait offerte deux ans plus tôt. Non, je ne voulais pas la mettre, je voulais juste la brûler en même tant que tous ces souvenirs, et toutes ses rumeurs qui couraient en ce moment à propos de son retour. Même si une infime partie de moi s’en voulait d’avoir pu penser qu’elle m’avait quittée, l’autre partie, plus importante, me poussait encore à tourner la page finale de notre histoire. Des habits éparpillés autour de moi, je m’aperçus que quelqu’un venait d’entrer dans ma chambre. Bizarrement, je n’écoutai même pas ce que ce quelqu’un me dit. Je n’avais aucune envie d’entendre ma mère me dire de venir manger, alors qu’elle venait d’entrer sans frapper et que seule une serviette m’habillait, si on pouvait le dire comme ça. « J’aurais peut-être du frapper. » Non, ce n’était pas ma mère qui avait cette voix aussi séduisante. C’était bien mieux, beaucoup mieux. Le sourire aux lèvres, je me retournai vers Leena, qui alla s’installer sur mon lit. Je ne pus m’empêcher de rire. La politesse ou l’envie de fournir une excuse bidon l’avait emporté sur elle, mais je savais qu’elle ne le regrettait pas. Sinon, elle serait vite repartie. « Il n’y a pas de mal ». Sa présence ici ne me gênait pas, bien au contraire.
« Choix difficile pour cette soirée ? Tu as prévue de sortir ? »Je me retournai vers les habits qui entouraient ma commode au lieu d’être rangé, à l’intérieur. J’avais fait un sacré cirque. Elle m’avait posé une colle. Une belle colle même. Je me voyais mal lui dire que non, je ne sortais pas, mais j’avais la subite envie de brûler l’une de mes chemises. L’hôpital psychiatrique m’attendrait les bras ouverts après son appel, puisqu’évidemment, je ne lui aurais pas expliqué le fait que je voulais simplement détruire tout ce qui me rappelait Evyrain, histoire de l’oublier. Ce qui était plutôt réussi, puisqu’en regardant ma demi-sœur, j’arrivais presque à oublier que mon ex-fiancée avait été vue. « A moins que tu ne te fasses beau pour la surprise que j'attends toujours... » Elle me tira de mes pensées, me ramenant à la réalité, et surtout, la promesse que je lui avais faite. La surprise. Moi aussi il me tardait de lui donner sa surprise à vrai dire. « Je cherchais quelque chose dans ma commode, mais tu sais, j’ai pas besoin d’être habillé pour ta surprise. » Un sourire provocateur se dessina sur mes lèvres. A chaque fois que j’avais essayé de réfléchir à quelque chose digne de Leena, l’idée d’avancer dans notre petit jeu m’envahissait l’esprit. C’était peut-être ça, finalement, la surprise à lui faire.
J’allai fermer la porte de ma chambre, puis revins vers Leena, toujours ce même sourire aux lèvres. Je m’approchai d’elle, et mis ma main sur son front. « Ca alors, t’as l’air d’avoir de la fièvre et tu es bien pâle. Manger maintenant serait une mauvaise idée. T’en fait pas, ma mère nous en voudras pas si on ne mange pas maintenant… »