Un passé déjà écrit
« Il faut que tu comprennes Nola, je ne peux pas rester plus longtemps, je ne suis qu'un poids pour maman. » « Ce n'est pas vrai! Qu'est-ce qu'on va faire sans toi?! Qui est-ce qui va s'occuper de maman? Tu sais très bien que depuis la mort de papa, elle ne compte que sur toi, tu ne peux pas partir comme ça! » Elle pleurait, ma petite soeur chérie pleurait et moi, je faisais tout pour me contrôler.
« S'il-te-plait Nola, ne me fait pas regretter de t'avoir prévenu pour mon départ. Tu es assez grande pour t'occuper de maman. Je te le promets, je rentrerais bientôt, une fois que j'aurais gagné assez d'argent. » « Mais comment tu vas faire hein?! Tu n'as que 18 ans, tu n'es même pas majeure! » Elle était en colère, je le savais, sa voix n'arrêtait pas de trembler...
« Ne t'inquiète pas pour ça, je me débrouillerais. Promets-moi de bien prendre soin de maman Nola. » « S'il-te-plait Roxanna, ne pars pas... Qu'est-ce que je vais faire sans ma grande soeur pour me donner des conseils, pour me défendre? S'il-te-plait. » Elle semblait tellement désespérée et soudain, je me détestais...
« Je suis désolée Nola... Dis à maman que je l'aime. » Et je suis partie, les larmes aux yeux. Quitter Nola et maman me brisait le coeur, mais c'était le seul moyen. Depuis la mort de papa, nous étions criblées de dettes. Maman travaillait d'arrache-pieds, mais ne gagnait que trop peu pour s'occuper de nous, ses deux filles. Très jeune, je me suis mise à travailler pour l'aider, mais rare étaient les endroits qui acceptaient une fille mineure, d'une famille brisée et mal vue qui plus est. Il est vrai que Santa Barbara était plutôt une ville riche. J'y suis née et nous vivions sans aucun problème, mais ça, c'était avant qu'il nous quitte. Et j'avais pris ma décision, je ne reviendrais pas là-dessus. J'y ai longuement réfléchi, gardant tout pour moi et finalement, je ne tins plus. Je venais de dévoiler mes intentions à ma petite soeur, de deux ans ma cadette. Je savais qu'elle prendrait ça pour une trahison, je la connaissais, mais je ne voulais pas qu'elle m'en veuille. Il fallait qu'elle comprenne... Je devais partir, je n'étais qu'un poids pour maman. Je n'étais pas une aussi bonne élève que Nola, je faisais sans arrêt des gaffes, je ne pouvais même pas ranger correctement la vaisselle sans casser une assiette. Oui, j'étais une bonne à rien. Alors je suis partie, j'ai fui mes responsabilités de soeur. Ma fierté en a pris un coup, un énorme coup, mais je me suis consolée en disant que c'était pour leur bien. Et je m'étais promise que chaque mois, je leur enverrais une partie de salaire que je gagnerais... Et jusque là, je n'ai jamais failli à ma promesse...
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« Bonsoir, merci beaucoup d'avoir fait appel à moi. Je suis Honey et ce soir, c'est moi qui vous tiendrai compagnie. » Ainsi était devenue ma vie après mon départ. J'ai quitté Santa Barbara pour venir à San Francisco. Je savais que personne ne me connaîtra ici, que personne ne viendra me chercher. Voilà maintenant 2 ans que j'ai quitté ma famille. En journée, je me consacrais à mes études d'institutrices. Oui, j'ai toujours aimé m'occuper des gosses. Après tout, j'ai quasiment élevé ma soeur alors autant dire que j'avais pas mal d'expérience. Ma tranche d'âgée préférée? Les 6-7 ans. On dit parfois que c'est une tranche d'âge difficile. Moi, je ne trouve pas. Au contraire, je trouve même que les enfants sont fascinant à ce moment-là, certes un peu ennuyant par moment, à vouloir tout savoir, tout comprendre, mais de véritables anges la plupart du temps. En plus, ils savaient déjà un peu se débrouiller seul, sans trop exagérer la chose. Oui, j'aimais beaucoup... Le soir, je n'avais pas trouvé d'autre travail que de devenir une escort girl. Oui, j'accompagne les clients dans des soirées de tout genre, je les divertis, mais au grand jamais, je ne couche avec eux. Je ne suis pas une prostituée! Non, jamais je ne vendrais mon corps. Et il faut l'avouer, je gagne pas mal en une soirée, plus que je ne gagnais parfois en un mois quand je travaillais dans des supermarchés et autres. Enfin, tout dépend du client aussi. Je n'avais pas honte de moi. Pourquoi je le serais? Après tout, ce n'est qu'un travail comme les autres, peut-être un peu dégradant pour certain, mais je ne trouve pas. Au contraire, certaines soirées peuvent même s'avérer très enrichissantes. J'ai ainsi eu la chance de rencontrer toute sorte de personne, me tissant des liens que jamais je ne m'aurais cru capable. Et c'est ainsi que je l'ai rencontré... Lui, il était un client, c'était la première fois qu'il faisait appel à une escort girl, et il a continué à n'appeler que moi.
Jayden et moi, nous nous sommes tout de suite bien entendu. Bien sûr, c'était mon travail de paraître aimable, serviable et séduisante, mais avec lui, je n'avais pas du me forcer. Tout au long de la soirée, il avait agi comme un parfait gentleman. Et je le revis le lendemain, lors d'une soirée auquel il m'avait convié. Et je le revis encore et encore, pour finalement tomber dans ses bras... Et pour la première fois, j'ai couché avec un client. Non, je n'ai pas couché, nous avons fait l'amour...
« Et bien, qui aurait cru qu'un jour, je ferais l'amour à une escort girl? » Et il me sortait ça juste après une nuit d'amour?!
« Pardon?! » Son rire souleva mon coeur. Il était tellement parfait, je l'aimais tellement que j'en avais mal au coeur, tellement que j'avais peur, peur de le perdre un jour...
« Je te taquine mon amour, tu sais très bien que je considère comme plus que ça. » Un sourire malicieux se forma sur mes lèvres
« Ah oui? Tu ne me l'as jamais dit pourtant! » Soudain, il prit un air un peu choqué
« Bien sûr que si! Tu ne te souviens pas du troisième soir de notre rencontre? Je t'ai dis à quel point je te trouvais attirante, à quel point je te trouvais intéressante. » « D'un côté, c'est mon travail chéri. » Et je l'embrassais rapidement tandis que je sentais ses doigts venir caresser le creux de mes hanches, me faisant frissonner de plaisir
« Et notre cinquième rendez-vous alors? Je me suis carrément déclaré à toi devant tout le restaurant! » En me remémorant ce souvenir, je ne pus m'empêcher d'éclater dans un rire franc et joyeux
« Hahaha, c'était épique! Jamais je ne pourrais oublier ça! » Il avait l'air vexé... Mais je savais comment rétablir la situation
« Très drôle, moque-toi donc! Tu sais que j'ai eu le coeur brisé quand tu m'as dit que tu ne voulais pas aller plus loin?! » « C'est contre le règlement, tu sais bien. Je ne peux en aucun cas me trouver en quelconque relation autre que professionnel avec un client. » « Mais tu as finalement cédé... » Oui, finalement, il ne fallu que trois rendez-vous de plus pour que je ne tombe totalement amoureuse de lui
« C'est parce que tu m'ennuyais à la longue! » « Menteuse... Avoue que c'est parce que tu m'aimes. » Tout à coup, il se mit à me chatouiller. La pièce fut alors rempli de mon rire. Il savait très bien que je ne pouvais résister à ça et pourtant, il continuait.
« Je n'avouerais rien! » Finalement, au bout d'une minute qui me parût une éternité, cette douce torture prit fin.
« Je t'aime... » Mon sourire se fit plus tendre, mes yeux plus doux et dans un tendre baiser, je lui murmurais
« Je t'aime aussi. » Et tandis que je me penchais encore une fois pour l'embrasser, il m'interrompit
« Tu te souviens de la fois où tu as renversé toute une table rien qu'en la cognant, sous l'effet de l'alcool? » Et un coup de poing sur l'épaule le fit taire et l'obligea à m'embrasser pour se faire pardonner. Plus jamais...
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« Bon sang Rox, c'est à cette heure-ci que tu rentres?! » Je venais à peine de franchir la porte que Jayden venait de me sauter à la gorge. Tout de suite, je pris une moue désolée
« Désolé mais je t'avais dit que je travaillais ce soir! » Ca ne l'avait pas calmé, au contraire, il semblait encore plus énervé.
« Oui, mais tu n'avais pas précisé que tu ne rentrerais pas avant une heure du matin! Qu'est-ce que vous avez fait hein?! » Mais qu'est-ce qui lui prenait?! J'étais franchement fatiguée, je voulais juste aller dormir et lui, il me prenait la tête?!
« Mais calme-toi voyons! Nous n'avons rien fait de plus que discuter et manger! Je te rappelle que mon travail est de divertir les hommes! » « Et qui me dis que tu n'as pas fait plus avec hein?! Après tout, ce ne serait pas la première fois que tu couches avec un client! » Soudainement, ma main vint se fracasser sur sa joue, je ne pu même pas l'arrêter. Comment osait-il...
« Comment oses-tu me dire ça?! Je ne suis pas une pute Jayden! » Il ne dit rien, mais son regard montrait à quel point il était en colère. Doucement, je soupirais et l'embrassa tendrement sur sa joue rougie.
« Excuse-moi Jay, je suis juste épuisée... Viens, on va se coucher. » Il se dégagea rapidement de mon étreinte et ce qu'il me dit sembla me briser le coeur
« Tu peux aller dormir, ce soir, je reste dans le canapé. » 3 mois que nous avions déménagé à Oakdale, trois mois que je m'étais trouvé cette place grâce à un client. Il m'avait pourtant dit d'arrêter, mais je ne voulais pas, non, je ne pouvais pas me reposer sur lui. J'étais encore à la recherche de travail. Enfin, disons plutôt que je venais de trouver ma place en tant qu'institutrice de substitut dans cette petite école primaire, mais je n'avais pas encore commencé. Et je savais que mon salaire ne me suffirait pas. Je voulais arrêter, mais je ne voulais pas me reposer sur lui. Non, jamais je ne tomberais aussi bas. Je préférais encore continuer à travailler en temps qu'escort girl que de reposer sur mon homme. 3 ans que nous sommes ensemble. Si au début, il ne tenait pas compte de mon travail, depuis que nous avions emménagé, il n'arrêtait pas de me prendre la tête avec ça. Je savais qu'il voulait plus, qu'il pensait déjà à fonder une famille. Mais moi... Moi je ne pouvais pas, je ne me sentais pas encore prête... Et il m'en voulait, je le savais... Et seule dans mon lit, j'étouffais mes sanglots.
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« Mais c'est pas vrai?! » Et voilà que je me retrouvais étalée par terre, en plein milieu d'un supermarché, avec en prime, une bouteille de whiskey brisée à côté de moi. Vraiment, il n'y avait que moi pour être aussi maladroite, il n'y avait que moi pour attirer autant l'attention (pas que ça me gêne, le ridicule ne tue pas, sinon je serais déjà morte des milliers de fois).
« Ça, c'était de la cascade. Vous avez trouvé votre voix. » Doucement, je relevais la tête et mes yeux se retrouvèrent plongé dans un océan ambré (qui me disait quelque chose d'ailleurs) tandis que le rouge me montait aux joues. Lentement, l'inconnu m'aida à me relever.
« Ah, justement, je pense que je suis bien peu habile pour ça. » Oui, je rigolais de ma maladresse, comme bien souvent. Rapidement, un vendeur arriva. A en voir son regard, il n'avait pas l'air ravi de devoir passer son temps à ranger mon dégât. Je lui souriais alors d'excuse tandis que l'inconnu sortait un billet de son porte-feuille.
« C'est pour moi. » Mes yeux s'écarquillèrent alors qu'il fourrait le billet dans les mains de l'employé. Il ne me connaissait pas et pourtant, il m'aidait?! Soudain je me souvins d'où j'avais déjà vu des yeux pareils. Dans l'école primaire où j'allais commencer. Oui, cet homme, je l'avais déjà entre-aperçu juste après mon rendez-vous avec le principal. Ainsi, nous allions devenir collègues?!
« Fallait pas. » Vraiment, il n'avait pas à payer pour ma bêtise...
« Ca me fait plaisir. » Ah bon? Et bien, il était vraiment généreux et j'avoue que mon coeur se retrouvait réchauffé de par cette intention. Ainsi, un sourire de remerciement s'afficha sur mes lèvres.
« Julian. » Et maintenant, il se présentait. Doucement, je fronçais mon nez tout en lui serrant la main. Des gens aussi sincère, je ne pensais même plus qu'il pouvait encore en exister. D'habitude, tous les hommes qui se comportaient ainsi, attendaient quelque chose de moi.
« Enchantée Julian, ravie de vous avoir connu, je dois y aller désolée. » Je savais que je précipitais les choses mais il valait mieux pour moi de rentrer. Je n'avais pas envie de me retrouver encore une fois à me disputer avec Jayden... Et c'est ainsi que je lui tournais le dos. Seulement, il semblerait que le dit Julian n'avait pas dit son dernier mot.
« Impossible de connaître votre nom ? » Je me retournais alors avant d'hausser les épaules tout en souriant doucement.
« Un jour peut-être. » Sûrement plutôt. Après tout, nous allions bientôt devenir collègue... Et je commençais dans une semaine. Rapidement, je rentrais chez moi, laissant cette agréable rencontre derrière moi.